Goma : sa maison sauvée de justesse des laves de Nyiragongo, Anastasie loue Dieu et espère l’aide

Samedi 19 juin 2021, caritasdev.cd a trouvé Mme Anastasie devant sa maison en tôles. Ses petits-fils et petites-filles jouaient dans ce qui leur reste de cour. « C’est ici que la coulée de laves s’est arrêtée. C’est la preuve qu’il y a toujours des miracles que Dieu continue à opérer. Bien qu’en tôles, la maison de cette maman n’a pas été calcinée. La lave s’est arrêtée à presque un mètre de la maison », s’est exclamé Mr Ladislas Kambale, Chargé de la qualité des programmes à la Caritas-Développement Goma, et qui était sur le lieu au lendemain de l’éruption volcanique du Nyirangongo. Avant de s’arrêter chez la septuagénaire, les laves ont effectué une petite déviation, encerclé et ainsi épargné quelques champs et six à sept autres maisons, aujourd’hui habitées.
Quant à Mme Anastasie, elle avait fui la coulée des laves et s’est déplacée à Mugunga, à la sortie de la ville de Goma. « Moi j’avais fui vers Mugunga. Je suis rentrée quand j’ai appris que la coulée des laves s’est arrêtée. Ayant vu que ma maison a été épargnée, j’en étais soulagée et me suis réinstallée », a déclaré Mme Anastasie, avec une pointe de sourire. Elle était assise sur un escabeau, les mains croisées sur ses jambes, comme en signe de résignation. « Je me suis dit en définitive que Dieu a bien fait de me laisser ma petite maison. Je le remercie infiniment », a-t-elle ajouté.
Mme Anastasie a pu ainsi accueillir cinq petits enfants de l’une de ses filles sinistrée, auxquels s’ajoutent ses propres enfants. Elle a indiqué que deux personnes ont été calcinées du côté d’un abattoir voisin et quelques morts du côté de Bushara.
« Mon grand souci pour l’instant, c’est la faim. Les laves se sont promenées sur mon champ qui me nourrissait et mes enfants, juste à côté de la maison. Ce champ occupait l’espace de trois parcelles. J’y cultivais le haricot, les amarantes et l’igname. Mes deux porcs que j’élevais sont aussi portés disparus », a conclu le septuagénaire, qui espère une aide appropriée pour les sinistrés.
Il sied de relever que, pour épargner la population sinistrée du souffre, les Autorités provinciales avaient interdit l'occupation des quartiers touchés par les laves et la reprise de constructions des maisons sur ces sites, promettant sa délocalisation vers un autre endroit à déterminer.
Pour rappel, après 1977 et février 2002, le volcan Nyiragongo, au Nord-Kivu (en RD Congo), était entré en éruption samedi 22 mai 2021. Jadis traumatisée par le choc de la catastrophe de 2002, la population de Goma et du territoire de Nyiragongo a été prise de panique, et devant cette avancée troublante de la lave volcanique sur la ville de Goma (dans sa partie Nord), des milliers de familles avaient choisi de prendre la fuite, les uns au Rwanda voisin, les autres au sud-ouest de Goma, et d’autres encore vers la localité de Sake, en territoire de Masisi, sur la route menant à Bukavu, au Sud-Kivu. Aujourd’hui, les déplacés ont regagné leurs maisons. La vie a repris son cours normal dans la ville. Les sinistrés reçoivent l’aide des acteurs humanitaires et des Autorités publiques, même s’il y a encore d’immenses besoins à satisfaire. Le Chef de l’Etat Félix-Antoine Tshisekedi est personnellement passé réconforter les sinistrés.
Guy-Marin Kamandji
(Envoyé Spécial)