jeudi 30 janvier 2025
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Haut-Uélé : « Il n’existe pas un plan humanitaire post-conflit pour les victimes des atrocités de la LRA », déplore l’Abbé GINGBIYO Vulati, Coordonnateur de la Caritas Dungu-Doruma

Haut-Uélé : « Il n’existe pas un plan humanitaire post-conflit pour les victimes des atrocités de la LRA », déplore l’Abbé GINGBIYO Vulati, Coordonnateur de la Caritas Dungu-Doruma

Kinshasa, le 7 janvier 2025 (caritasdev.cd) : « Après les grandes atrocités perpétrées par le mouvement rebelle ougandais de la LRA (Lord’s Resistance Army) de Joseph KONY, la situation humanitaire actuelle du Diocèse de Dungu-Doruma est celle de psychose, de déception pour la non réparation de dégâts causés par cette rébellion étrangère ». Ce cri de cœur est celui de M. l’Abbé GINGBIYO VULATI, Coordonnateur-Directeur de la Caritas-Développement Dungu-Doruma, dans la Province du Haut-Uélé, au Nord-Est de la RDC, interviewé par caritasdev.cd. Il a brossé la situation humanitaire de son Diocèse, en parlant de modestes actions menées par sa Structure, avec des moyens de bord, et dans un flot de besoins non satisfaits de la population meurtrie.

Keren Lulu : Présentez- nous brièvement votre Caritas-Développement et ses différentes structures ?

Abbé GINGBIYO Vulati : La Caritas-Développement Dungu-Doruma est l’un des membres de réseau des 48 Caritas-Développement diocésaines que compte la Caritas Congo en RDC. Ses interventions couvrent les Territoires de Dungu, Niangara et Poko. Elle a son siège social au Quartier Ngilima, Avenue du Commerce Nº SU 024, Rond-point Inter Agences, Groupement Dungu, Chefferie Wando, Territoire de Dungu, Province du Haut-Uélé. La Caritas-Développement Dungu-Doruma a un rayon d’action égale à celui du Diocèse de Dungu - Doruma, soit 44. 000 Km², habités par près de 500.000 personnes, dont 165.000 Chrétiens Catholiques répartis dans 13 Paroisses. C’est là que sont menées les activités de la Caritas-Développement Dungu-Doruma.

Situé au Nord-Est de la R.D.-Congo, en Province de Haut-Uélé,  le Diocèse de Dungu-Doruma est à cheval sur les deux Provinces, du Haut-Uélé et du Bas-Uélé.  Ce rayon d’action couvre ainsi les 3 territoires administratifs de Dungu, Niangara et Poko.  Il est en grande partie frontalier de la nouvelle République de Soudan du Sud et dans une moindre mesure avec la République Centrafricaine.

Depuis 1967, avant l’érection de la Préfecture Apostolique de Doruma comme un diocèse, les activités de développement étaient déjà menées de manière dispersée au niveau des paroisses et des communautés religieuses.  À partir de 1980, commencent alors les grands projets du Diocèse.

Nous signalons par ailleurs que de 1967 à 1983, les actions de développement émanaient des initiatives de Mgr VAN DEN ELZEN, comme effort de redressement ou de réhabilitation des infrastructures après la rébellion. Il faut cependant souligner qu’en ses débuts, la Caritas- Développement Dungu-Doruma était surtout connue comme Bureau Diocésain de Développement (BDD). Les autres volets émergeaient à peine.

Keren Lulu : Quelle est la situation humanitaire actuelle dans votre Diocèse et la réponse que votre Caritas y apporte ?

Abbé GINGBIYO Vulati : Après les grandes atrocités perpétrées par le mouvement rebelle ougandais de la LRA (Lord’s Resistance Army) de Joseph KONY, la situation humanitaire actuelle du Diocèse de Dungu-Doruma est celle de psychose, de déception pour la non réparation de dégâts causés par cette rébellion étrangère . Jusqu’à nos jours, il a plusieurs familles qui souffrent et demeurent encore en deuil, voire sans nouvelle de leurs frères et sœurs, enfants kidnappés. On note aussi que, jusque-là aucun plan de rapatriement des réfugiés congolais qui avaient fui au Soudan du Sud.Famille fuyant les atrocités des rebelles ougandais de la LRA au Diocèse de Dungu Doruma

Il n’existe pas un plan humanitaire post-conflit pour les victimes des atrocités de la LRA ,notamment les mutilés, les traumatisés, les personnes violées et contaminées n’ayant pas suivi un traitement complet et susceptibles d’être des vecteurs de certaines contaminations.

Keren Lulu : Pourrions-nous savoir quelques-unes de vos actions les plus marquantes de l’année 2023/2024 ? Autrement dit, quels sont les projets que vous exécutez actuellement ?

Abbé GINGBIYO Vulati : La Caritas développement Dungu n’a pas eu à exécuter de projets de grande envergure. Néanmoins, ce que nous avons pu faire comme activité au cours de l’année susmentionnée se résume en ces quelques points :

-La prise en charge de personnes vivant avec le VIH par le BDOM,

-Obtention de bourse pour les étudiants en technique médicale par le BDOM,

-La paie des enseignants par la Caritas urgence, 

-L’agriculture et l’élevage par le BDD.

Keren Lulu : Parlez-nous de manière particulière de deux de vos projets actuels, en tenant compte des aspects suivants : objectifs, bailleurs des fonds, populations bénéficiaires, localisation, évolution et impact produit à ce stade ?

Abbé GINGBIYO Vulati : En réalité, la Caritas Développement de Dungu-Doruma n’a pas un projet ces deux dernières années qu’elle réalise à part la paie des enseignants. Néanmoins, es deux projets : prise en charge thérapeutique de PVV et la bourse pour les étudiants en technique médicale est un projet des Augustins à travers le monde (ATM en sigle) où dans lesquels BDOM est associé. A l’interne, nous faisons l’agropastoral.

Keren Lulu : Comment s’organise la mobilisation et la sensibilisation des fidèles en faveur des plus démunis ? En auriez-vous les statistiques ? (Fonds de Solidarité)

Abbé GINGBIYO Vulati : C’est à partir de nos entités décentralisées dites des paroisses où, des coffres pour des quêtes en faveurs des pauvres sont installée, mais aussi des collectes à des dates connues pour appuyer à différents niveaux. Le travail de statistique reste à faire.

Keren Lulu : Quelles sont vos relations avec les Caritas paroissiales ? Combien en auriez-vous ?

Abbé GINGBIYO Vulati : Nous avons implanté les Caritas dans les 12/13 de toutes les paroisses que compte notre diocèse ; la treizième a été implantée récemment.  Les relations qui règnent entre nous avec les Caritas paroissiales sont celles de collaboration. Ainsi, il est prévu :

-des formations annuelles des Présidents de nos Caritas paroissiales,

-intégration des membres paroissiaux dans les interventions de la Caritas au niveau paroissial comme la distribution ou des enquêtes sur terrain,

-échange des rapports entre nous et les Caritas paroissiales.

-Tournées dans nos Caritas paroissiales pour les former, les encourager et nous comptons aussi les appuyer dans leurs activités génératrices de revenus.

Keren Lulu : Quelles difficultés éprouveriez-vous dans votre travail ?

Abbé GINGBIYO Vulati : Manque de certains manuels importants pour l’institution, non obtention des projets , Nombre insuffisant du Personnel et manque de moyens financiers pour engager de nouvelles unités dans la structure ; Problème de formation professionnelle au niveau de la bonne gouvernance axée sur les finances et un style du management qui se recherchent encore.

Keren Lulu : Auriez-vous un message particulier à ajouter sur un sujet que nous n’aurions pas abordé durant notre entretien ?

Abbé GINGBIYO Vulati : J’aurais bien voulu qu’on insiste sur les éléments qui favoriseraient la cohésion et l’effectivité d’un réseau Caritas efficace et pérenne.

 Propos recueillis par Keren Lulu