Crise humanitaire à Kalehe : Caritas Bukavu dresse un bilan alarmant
Bukavu, le 06 novembre 2025 (caritasdev.cd) : Du 20 au 27 octobre 2025, la Caritas-Développement Bukavu, en collaboration avec la Coordination Humanitaire, a conduit une mission d’évaluation rapide multisectorielle dans les Aires de Santé de Luzira et Kasheke, situées dans la Zone de Santé de Kalehe, au Nord-Est du Sud-Kivu. Cette zone, peuplée de près de 200.000 habitants, est aujourd’hui confrontée à une crise humanitaire aiguë, exacerbée par les affrontements entre les rebelles du M23 et les groupes d’autodéfense Wazalendo. Caritasdev.cd a consulté le rapport ad hoc sur le site web de la Caritas-Développement Bukavu, qu’il résume sur les lignes ci-après.
Déplacements massifs et vulnérabilités
Les combats du 12 octobre dernier ont provoqué le déplacement de plus de 7 700 personnes vers les zones de Kasheke, Luzira, Bushaku et Kabamba. Ces déplacés vivent dans des conditions précaires, sans abris adéquats, avec un accès limité à l’eau potable, aux soins de santé et à la nourriture.
Quelques chiffres clés :
| Aire de santé | Ménages déplacés | Personnes déplacées |
| Kasheke | 2 043 | 10 215 |
| Luzira | 1 275 | 5 610 |
Sécurité alimentaire en péril
- Accès aux champs limité par l’insécurité ;
- Hausse des prix des denrées de base (ex. : +185% pour le poisson frais) ;
- 92% des ménages ont un score de consommation alimentaire jugé « pauvre » ;
- 58% des ménages adoptent des stratégies de survie en situation de crise.
Abris et articles ménagers essentiels
- 57% des ménages ont un niveau de sévérité élevé en matière d’AME ;
- Tous les déplacés vivent dans des abris précaires ;
- Aucun site d’accueil formel n’a été aménagé.
Eau, hygiène et assainissement (WASH)
- Moins de 40% de la population a accès à une source d’eau améliorée ;
- 97% des ménages partagent des latrines non séparées par sexe ;
- Risques élevés de maladies hydriques.
Santé et nutrition
- 193 cas de paludisme, 201 infections respiratoires, 47 cas de diarrhée aiguë ;
- 83 cas de malnutrition suspectés chez les enfants et femmes enceintes ;
- Accès aux soins limité par la distance et le manque de moyens.
Protection et abus
- Violences sexuelles : 7 cas documentés en octobre ;
- Enrôlement d’enfants, extorsions, traitements cruels rapportés ;
- Séparations familiales et déscolarisation massive des enfants déplacés.
Éducation en détresse
- 60 à 70% des enfants ne fréquentent plus l’école ;
- Destruction d’écoles, manque de matériel et enseignants formés ;
- Besoin urgent d’espaces d’apprentissage temporaires et de soutien psychosocial.
Recommandations de la Caritas
- Réponse humanitaire intégrée pour déplacés et hôtes ;
- Distribution directe d’aide (cash physique) privilégiée par les communautés ;
- Renforcement de la coordination entre acteurs humanitaires et autorités locales.
Guy-Marin Kamandji

