mardi 13 mai 2025
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Ituri & Haut-Uélé : éducation, santé et œuvres sociales, grands axes de l’action Pastorale de Mgr Janvier Kataka, Evêque de Wamba  

Ituri & Haut-Uélé : éducation, santé et œuvres sociales, grands axes de l’action Pastorale de Mgr Janvier Kataka, Evêque de Wamba   

Mgr Kataka : « Je suis arrivé à Wamba sur une moto. Et, après 25 ans de ministère épiscopal, on est encore sur une moto… »

Soucieux du bien-être de la population de son Diocèse (sans discrimination sur leur appartenance religieuse), le Prélat a relevé de prime abord un triste constat. Il est arrivé à Wamba sur une moto en 1996, à la veille de la guerre dite de « Libération » ayant provoqué la chute du régime Mobutu ; et 25 ans plus tard, il utilise encore la moto pour les visites pastorales à travers son Diocèse : « Je suis arrivé à Wamba sur une moto. Et, après 25 ans de Ministère Episcopal, on est encore sur une moto… ». C’est dire que les conditions de vie de la population de cette partie de la RDC sont encore loin de s’améliorer.

Revenant sur les trois piliers de son action pastorale, Mgr Kataka a exprimé sa détermination à investir dans l’Education, « pour sauver le peu qu’il y avait, en essayant de relever le niveau des Enseignants ». Dans cette optique, plusieurs enseignants ont été envoyés par l’Evêque à l’Institut Supérieur Pédagogique/ISP, à l’Université de Kisangani, à l’Université de Butembo, etc. « C’était pour renforcer les capacités de ceux qui préparent l’avenir de nos enfants en leur donnant cours », a indiqué Mgr Janvier Kataka.

Il fallait aussi la réhabilitation des infrastructures scolaires nous laissées par la Colonie belge. La plupart était en tuiles. L’école Asengani Kenzo de Wamba, l’école des filles à Ibambi, et d’autres à Niania. Une école d’excellence a même été créée.

Concernant la promotion des mamans, l’Evêque a fait recours à deux Universitaires venues de Kisangani pour aider à inculquer une bonne éducation nutritionnelle aux ménagères, face à la malnutrition infantile ambiante.

La santé, c’est un autre pilier de l’action de l’Evêque. Pour écourter le chemin difficile qu’il fallait parcourir jusqu’à l’hôpital des Missionnaires des Consolata à Nisu, Mgr Kataka a fait construire une structure sanitaire diocésaine à Wamba, dénommée Hôpital secondaire Anoalite de Matari. Et cela, sans compter l’hôpital général de référence de Wamba, qui est une structure publique.   « Je voulais traduire en acte la foi chrétienne d’Anualite », s’est justifié l’Ordinaire du lieu. En effet, après sa naissance à Mandabone, la maman de la Bienheureuse Anualite est allée avec le bébé à Matari où elle a grandi. C’est delà qu’elle est allée suivre l’Ecole primaire à Wamba-centre avant de partir au Couvent à Bafwabaka. Une fois cette structure sanitaire installée sur le lieu, l’Evêque s’est attelé à la formation du Personnel soignant. Un Institut des Techniques Médicales, un Institut Supérieur des Techniques Médicales, et une faculté de Médecine ont été mis en place. « L’hôpital a rayonné pendant quelque temps. Aujourd’hui, il est en déclin. Mais, il a fait son temps ; il a fait du bien à la population », a-t-il ajouté. Pendant ce temps, une maternité, construite à Mungbere, a évolué pour devenir un Centre de Santé, et un grand hôpital qui rayonne dans toute la Province du Haut-Uélé. C’est un Père combonnien qui est responsable de cet hôpital. Dans le même registre, l’on devrait compter aussi le Centre Ophtalmologique d’Isiro.

« Le Diocèse de Wamba est un diocèse rural »

Quant aux œuvres sociales, elles sont réalisées au quotidien par toutes les Structures du Diocèse de Wamba, notamment sa Caritas-Développement, avec sa Pastorale des Pygmées, la Commission Diocésaine Justice et Paix, etc.  C’est le cas d’un projet conjoint entre Caritas Norvège, Caritas Congo ASBL et Caritas Wamba, financé par l’Opération Dagsverk (OD), qui vise à aider des milliers de jeunes âgés de 12 à 19 ans à sortir de l’esclavage moderne dans et autour des mines entre 2020 et 2023.  Ils ont la possibilité de créer un avenir meilleur grâce à la scolarisation ou à la formation professionnelle.

Par ailleurs, le café, les usines d’huile de palme, et même le coton qui faisaient la fierté de la province du Haut-Uélé, c’est devenu un glorieux passé que le Prélat évoque avec regret. « Le Diocèse de Wamba est un diocèse rural qui vit de l’agriculture, essentiellement vivrière », souligne-t-il. L’agriculture pérenne, qui apporterait plus des revenus à la population est quasi-absente. « On planterait du cacao, par exemple, pour l’évacuer à travers quelles routes ? Comment transformer ce cacao? Avons-nous assez de mortiers pour le transformer » ? Mais, il reste optimiste, en paraphrasant : « la foi écoute le monde ».

Voilà pourquoi Mgr Janvier Kataka plaide pour le rapprochement du pouvoir auprès des Entités décentralisées : « si on parachevait la Décentralisation en donnant un peu plus de pouvoir aux Gouverneurs de provinces, afin qu’ils s’occupent de leurs écoles, de leurs routes, hôpitaux, etc… je crois que les choses iraient de soi ; quitte à donner rapport à qui de droit ».

Pour mémoire, le Diocèse de Wamba a une superficie de 68.000 Km2, étalé sur pratiquement trois Provinces: Ituri (à travers Mambasa, Nduye, Niania), Haut-Uélé (Mungbere, Wamba, Pawa, Ibambi, Balonde, Bafwabaka, Obongoni, Legu, Lingondo, Bayenga, Bomana) et Tshopo (Bafwasende, Bombili, Panga). Il a été érigé comme diocèse le 10 novembre 1959, avec comme 1er Evêque Mgr Joseph Wittebols (1959-1964).

Guy-Marin Kamandji